04/28/2024

Aide en faveur de l’agriculture : les élu-es UGES attirent l’attention sur les dérives de la méthanisation à grande échelle

Intervention de Sophie Romera.

En adéquation avec le nouveau cadre réglementaire européen (PAC 2023-2027), national et régional, le Département de l’Isère pourra intervenir en complément sur deux axes auprès des agriculteurs de l’Isère : les investissements dans les productions végétales à enjeu de souveraineté régionale ainsi que dans la méthanisation agricole. A l’occasion de cette délibération, Sophie Romera a souhaité apporter à l’Assemblée départementale quelques points de vigilance concernant cette dernière, des points jamais abordés en séance publique mais qu’il nous semble nécessaire d’évoquer au regard de l’évolution de cet technique dans certains territoires.

Le principe de la méthanisation est certes vertueux : recycler les déchets existants, animaux comme végétaux, et produire ainsi du biogaz. C’est une bonne démarche et c’est le cas des petits méthaniseurs. Mais lorsque le méthaniseur est de plus grande taille, il faut l’alimenter et en rentabiliser l’investissement. Il y a alors un risque de perversion du modèle qui conduirait à prioriser la production d’énergie par biomasse au détriment de la vocation alimentaire de l’agriculture. En utilisant par exemple des cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE). Avec pour conséquence un changement d’affectation et d’épuisement des sols.

Dans certains territoires de France, le méthaniseur est devenu la source de revenus principale de l’agriculteur et le risque de dérive est lié à la rentabilité de l’équipement. Il n’est évidemment pas de regretter l’aide aux agriculteurs, mais bien d’appeler à rester vigilants. En Isère, nous n’avons pas encore ce type de problème compte-tenu de la taille actuelle des méthaniseur. Il reste néanmoins important de garder les yeux ouverts et d’être attentif à toute dérive potentielle. Le risque est aussi pour les agriculteurs, qui peuvent en perdre le contrôle, au bénéfice d’industriels et énergéticiens de la méthanisation.

Le risque concerne aussi les exploitations de bétail : dans certains territoires, les bêtes ne sortent plus des hangars, tant leurs excréments deviennent précieux car source de biogaz. On se retrouve alors en situation de maltraitance animale. Avec la tentation de l’élevage intensif.

En résumé, les méthaniseurs restent des outils vertueux, tant qu’ils n’en détournent pas la fonction première qui est de retraiter les déchets existants. Et non de créer de la production de déchets. Le Département co-finance avec la Région ce type d’installation, qui en détermine le cadre. Pour autant il a son rôle à jouer dans la vigilance collective que nous devons avoir autour de ce type d’installation. Comme le fait de s’assurer des besoins en amont de tout projet d’installation, afin de préserver la « méthanisation idéale », comme le qualifie le Sénat dans son rapport de Septembre 2021

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