04/29/2024

Enfance et famille: un budget pas à la hauteur des enjeux

Dans le cadre du budget primitif 2024, Sophie Romera est intervenue sur le chapitre budgétaire consacré aux politiques « Enfance – Famille ». Dans un contexte économique et social très préoccupant, les indicateurs ne laissent pas présager d’amélioration à court terme. Le Département, chef de file de l’action sociale, a pour mission de protéger les plus fragiles : en l’occurrence les familles, les enfants, celles et ceux dont le quotidien est encore plus difficile que pour les autres.

Les moyens dont bénéficie le Département de l’Isère sont importants. Sur 1,4 milliards d’euros de fonctionnement, 178 millions sont consacrés à l’Enfance et la Famille. Ce sont ces budgets qui permettent effectivement d’assurer le soutien, la protection et l’accompagnement psychosocial de ces publics dont le nombre s’accroît.

Dans ce budget 2024, l’exécutif départemental a ciblé des actions intéressantes :

  • la création d’unités spécifiques pour enfants sous protection porteurs de handicap ;
  • la prise en compte de l’augmentation du nombre de Mineurs Non Accompagnés sur notre territoire ;
  • la création d’un accueil de loisirs pour enfants en familles d’accueil, afin de permettre un peu de répit à leurs assistants familiaux.

Mais dans le même temps, la majorité départementale confirme la baisse drastique des actions de soutien à la parentalité dans ce budget 2024 (après l’avoir réduit de -43 % en 2023, passant de 700 000 € à 395 000 €). C’est un choix politique, comme évoqué l’année dernière, que le groupe UGES ne comprend pas. C’est pourtant ce type d’accompagnement qui permet aux familles fragilisées de garder la tête hors de l’eau, de s’accrocher et de croire en l’avenir.

Le groupe UGES avait également pointé dans le cadre du budget primitif 2023 le besoin de reconnaissance du métier d’assistant familial, ainsi que des moyens plus importants pour le quotidien des enfants. Depuis, la loi est venue renforcer ces différents points et bien entendu ces mesures sont prises en compte pour 2024. Cependant, nous allons faire face à une pénurie de ces familles d’accueil à très court terme. Les chiffres nationaux démontrent que dans seulement quelques années, près de la moitié d’entre eux seront partis à la retraite, sans être remplacés. Fin 2022, le Département a annoncé une campagne de recrutement. Elle n’est pas encore d’actualité. Nous l’attendons, parce qu’elle est aujourd’hui plus que nécessaire.

Autre sujet, les Mineurs Non Accompagnés dont le nombre s’accroît très fortement sur notre territoire. Leur situation est préoccupante et ils ont dû faire face à bien des épreuves terribles. Bien sûr, le Département de l’Isère prend sa part dans leur accueil et leur suivi, de même que plusieurs associations et bénévoles. Ils mènent un travail de fond incroyable et leur engagement est déterminant pour tous ces jeunes dont le chemin est semé d’embûches. Le Budget du Département est « solide », dixit la Droite départementale. Alors soutenons ces associations qui travaillent chaque jour à accompagner ces jeunes sur le chemin de l’insertion professionnelle, de la formation diplômante, afin qu’ils deviennent indépendants et retrouvent foi en l’humain.

Autre sujet important, criant même : les familles à la rue et la question de l’accueil d’urgence. Face à ces situations critiques, la collectivité départementale ne peut rester muette. Elle doit prendre sa part et concourir à les mettre à l’abri. Aujourd’hui, c’est près de 400 enfants sans domicile sur l’agglomération, dont 250 sur Grenoble. C’est une vingtaine d’établissements concernés et des écoles occupées. Et probablement que d’autres de nos territoires sont concernés. La « solidité » du Département de l’Isère lui permet d’agir. Bien sûr il ne s’agit pas d’agir seul et l’État doit prendre toute sa part. Mais la collectivité doit monter au créneau sur ces questions. Parce qu’il est impensable qu’un enfant et sa famille dorme dans la rue.

Enfin, le groupe UGES a souhaiter évoquer la situation délicate des structures de l’ASE dédiées aux enfants en situation de handicap. C’est une expérimentation nouvelle, un besoin complexe qui obligent politiques et professionnels à s’adapter. Chacun de ces enfants est singulier, leur quotidien n’est jamais le même, et nous devons les protéger du mieux que nous pouvons. Les professionnels se retrouvent en situation très difficile, tant leur formation n’a pas suffisamment pris en compte la combinaison compliquée de la protection de l’enfance et du handicap.

C’est là où un Département «solide » comme l’Isère, doit agir pour inciter et accompagner les filières de formation à ouvrir leur champ des possibles, pour être à même de répondre aux besoins spécifiques de ces enfants et des structures départementales qui les accueillent. C’est un travail à mener de façon conjointe et encore une fois, il ne s’agit pas d’agir seul. Mais qui de plus concerné que la collectivité qui exerce cette compétence-là pour faire remonter à l’État les besoins de transformation en profondeur de l’Aide Sociale à l’Enfance, et notamment la question de l’attractivité de ses métiers.

24 présidents de Départements de France ont rédigé une tribune en septembre dernier, pour appeler à des Etats Généraux de la Protection de l’Enfance. C’est une démarche intéressante et volontariste, qui devrait nous inspirer. Ce sont là plusieurs propositions d’actions, des domaines moins explorés que d’autres par le Département de l’Isère, mais dont nous ne pourrons pas comprendre l’immobilisme sur ces questions. C’est redonner de l’espoir à celles et ceux qui en ont le plus besoin, et nous en avons les moyens.

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