04/26/2024

Les déserts vétérinaires dans le monde rural : un plan d’urgence approuvé à l’unanimité et des propositions de notre groupe pour le moyen terme

Ce vendredi 24 juin lors de la séance publique, le département de l’Isère a adopté un nouveau plan pour lutter contre les déserts vétérinaires. Le groupe UGES approuve ce dispositif d’urgence, et proposela création d’un centre d’appel d’urgence géré en solidarité par les vétérinaires « de ville » pour répondre aux enjeux à moyen terme.

Les déserts vétérinaires se multiplient dans plusieurs régions rurales de France et l’Isère n’y échappe pas. Les enjeux sont très importants pour les éleveurs dans la gestion des urgences, la prescription et la délivrance de médicaments, le suivi et la continuité des soins, l’accompagnement et le conseil. Tout ceci engendre une baisse de l’état sanitaire, des pertes économiques ainsi qu’un stress supplémentaire pour une profession déjà fragilisée par une succession de crises. C’est aussi un enjeu de bien-être animal faute de soins ou de conseils. Mais aussi un enjeu dans le suivi sanitaire et de prophylaxie, afin de prévenir les maladies et donc c’est un enjeu de santé publique et de souveraineté alimentaire.

La loi DDADUE de 2020 permet aux collectivités territoriales d’agir et notre groupe UGES soutient l’initiative du département à maintenir un maillage vétérinaire en zone rurale.

Les professionnels du secteur demandent depuis quelque temps de les aider afin d’assurer la suite de plusieurs départs à la retraite. Nous sommes inquiets de voir de jeunes diplômés, intéressés en première intention à s’installer sur ce territoire, puis renoncer notamment dû aux contraintes de garde les nuits et les week-ends. Des contraintes très fortes vu que l’effort se concentre sur le peu de vétérinaires volontaires dans cette continuité de soins.

Nous soutenons donc le dispositif proposé au vote, qui est une bonne mesure d’urgence.

L’aide à l’installation est indispensable. En effet, l’achat de matériel pour commencer l’activité s’élève entre 25 000 et 60 000 € ce qui représente un emprunt conséquent pour des vétérinaires qui gagnent beaucoup moins que des vétérinaires de ville ou des médecins (ramenée à l’heure, leur rémunération ne dépasse guère le smic horaire).

Ainsi, pour gagner davantage, les vétérinaires ruraux diversifient leur activité avec de la canine (les chats et les chiens), beaucoup plus rémunérateur. Cependant, ils ne peuvent pas assurer ces en plus de celles du rural. En effet, les éleveurs ont en général des urgences de soin vers 20h/21h puis à partir de 6h du matin. Les vétérinaires peuvent alors dormir un minimum pendant leur garde, ce qui leur permet d’organiser une continuité de soin en étant seulement 2 associés sur un territoire. Par contre, sur la canine, les clients appellent à toute heure de la nuit, pour bien souvent des inquiétudes non fondées qui n’imposent aucun soin particulier. Répondre à ces appels ne peut donc pas être rajouté à leur activité rurale.

Il nous semble alors intéressant d’organiser une solidarité de tous les vétérinaires sur les services de garde de la canine au niveau départemental pour décharger les vétérinaires ruraux des gardes de cette patientèle. D’autres départements ont mis en place un SAVU, un service d’aide vétérinaire d’urgence, qui centralise les appels d’urgence et permet de filtrer les appels, répondre à distance quand cela est possible et aller au domicile uniquement si besoin. Or, nous sommes étonnés de noter l’absence, au niveau des partenaires du dispositif, du conseil de l’ordre vétérinaire, compétent sur ces questions et acteur indispensable des soins vétérinaires, il nous semble important de l’intégrer aux concertations.

Nous avons donc voté en faveur de ce dispositif, qui est un début mais qui mérite une suite sur les sujets évoqués afin de répondre aux enjeux à moyen et long terme.