04/27/2024

Encourager de nouvelles solidarités dans les territoires ruraux

22 millions de Françaises et de Français vivent actuellement dans les territoires ruraux. 88 % des communes de notre pays sont rurales. Les ruralités sont diverses, dans leurs enjeux et leur capacité à faire face aux grandes transitions écologique, économique et numérique.

Aujourd’hui, sur fond de sentiment d’abandon ou de relégation dans nos ruralités, Département, Région et État avancent des solutions pour les communes, au service des habitants.

Pour autant, toutes ces mesures le plus souvent complémentaires et qui, pour la plupart, satisfont les collectivités et leurs maires, rendent-elles plus heureux les habitants ?

Parce que la ruralité, (Larousse : Condition des choses et des gens de la campagne) a bien changé. Pas tant les choses, mais les gens.

À partir de la première moitié du milieu du XXème siècle, les campagnes se sont vidées. Le début des années 1970 a amené le retour à la terre. Cinquante après, la crise Covid a accéléré le mouvement. Et là encore, fait notablement évoluer la sociologie.

En 2014, dans le cadre d’une étude commandée par le feu CCDRA Alpes Sud Isère, la parole avait été donnée aux « sans voix ». Environ 1 000 personnes avaient été questionnées en Trièves, Matheysine, Oisans et le Pays Vizillois par des étudiant.e.s de l’Université de Grenoble. Globalement, la conclusion du rapport établi, qui ambitionnait d’évaluer les besoins et attentes dans ce vaste territoire rural et montagnard, attestait que « On a à peu près tout. On ne manque de rien. Le plus difficile, c’est la solitude ». La disparition progressive des grandes familles ; la décohabitation ; les enfants qui voguent vers d’autres cieux ; des résidents secondaires qui ne sont là que quelques semaines par an, des voisins qui s’éloignent ou ne se rapprochent pas, et encore des pratiques urbaines qui perdurent, ont peu à peu modifié le paysage de la campagne et de la montagne.

On observe que les liens entre les nouveaux et les anciens habitants sont faibles ; on continue à travailler, à faire ses courses, à se soigner, se cultiver ou se distraire en ville et même à scolariser les enfants dans les villes, qui d’ailleurs parfois demandent des contributions aux communes d’origine.

Du coup, nos communes doivent souvent faire preuve d’imagination pour créer des lieux permettant de maintenir une présence commerçante et de services publics. Elles ont besoin d’être accompagnées et soutenues dans cet effort. Les nouveaux critères du Plan Tiers Lieu proposés en séance publique pourront peut-être y répondre. Cependant, ce sera insuffisant si l’ensemble des collectivités et l’Etat ne s’engagent pas dans le maintien des services publics de proximité dans nos territoires ruraux et de montagne. L’effacement peu à peu de la présence postale sur nos territoires est le reflet de décisions gestionnaires, qui bien souvent oublient l’humain.

Bien que toutes les collectivités en zones rurales et montagnardes redoublent d’attention et investissent pour offrir le meilleur à leurs habitants, les solidarités familiales ou de voisinage qui faisaient la force de ces territoires, se sont étiolées au fil du temps. 

Les liens si précieux entre tous les habitants, entre les anciens et les nouveaux, entre ceux de la ville et ceux des champs, qui contribuent à l’identité d’un territoire sont à reconsidérer, à renforcer dans le cadre d’une sorte de gentrification appliquée à la ruralité.

Avec les écoles, avec le monde associatif, avec le monde économique, avec les structures de services à la personne, avec l’ensemble des collectivités dont le Département, le travail à mener est considérable pour forger de nouvelles solidarités, innovantes, au service de tous les habitants. Il s’agit, d’une certaine façon, d’investir demain dans l’humain.

À cet égard, les élu.e.s UGES ont à cœur de maintenir les conditions d’un service à domicile de qualité pour nos personnes âgées et en perte d’autonomie, qui poursuive des objectifs non-lucratifs, seul gage pour maîtriser le reste à charge des isérois et pour assurer ce lien si nécessaire avec les communes.

Enfin, les territoires ruraux et de montagne ne doivent pas être les oubliés de la transition écologique, en matière de mobilités ou de logement par exemple.

Maintenir les solidarités territoriales et sociales coute à toutes les collectivités dont l’Etat. Mais c’est aussi le prix à payer pour éviter la France à deux vitesses.

Alors, même si cette charte est surtout un inventaire d’actions déjà existantes, c’est un bon début et le groupe UGES est naturellement disposé à prendre toute sa part pour travailler et faire évoluer les dispositifs en faveur des habitants des champs et de ceux des villes aussi.

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